La Mission patrimoine portée par Stéphane Bern a dévoilé le montant des aides qui seront accordées cette année pour la restauration de plusieurs monuments en Outre-mer.
La « mission Stéphane Bern », initiative lancée en 2017 par le présentateur télé pour redonner vie à nos vieux édifices, a dévoilé ses dotations pour 2021. 15,2 millions d'euros seront accordés à 101 monuments français pour aider à leur restauration. Comme chaque année, un seul site a été choisi par département et
collectivité d'outre-mer. Les fonds proviennent du Loto du Patrimoine de la Française des Jeux (FDJ), du mécénat de FDJ, du parrainage de la Monnaie de Paris grâce à la vente des "pièces d'Histoire", de la collecte nationale Mission Patrimoine et d'un mécénat de Christie's.
Quatre sites ont été sélectionnés en Outre-Mer et bénéficieront au total d'une aide 751.000 euros.
Guadeloupe : 81.000 EUROS pour la maison Liensol à Basse-Terre
- La maison Liensol, du nom de ses derniers propriétaires, a été construite dans le dernier quart du XVIIIe siècle. En 1807, la propriété se compose de deux corps de logis reliés par deux ailes autour d’une courette. Elle a été bâtie à usage d’habitation et pour servir de local commercial et occupe « l’un des plus beaux emplacements de la ville » comme il est précisé en 1812 dans l’annonce de location du fond de boulangerie qui y est établie depuis la fin du XVIIIe siècle. Cet édifice illustre bien l’habitat de cette classe de négociants alliant la volonté de paraître et le souci de rentabilité.Vers 1950, des travaux ont été entrepris. L’élégante façade est dénaturée par l’ajout d'une galerie en béton. Cette dernière masque partiellement l’étage et donc la façade primitive. En dépit de ces transformations, la maison Liensol constitue, avec son élégante toiture et sa qualité architecturale, un précieux témoin de l’architecture privée de la fin du XVIIIe siècle.
Martinique : 300.000 euros pour l'Habitation Céron au Prêcheur
- Au Prêcheur, dans l'un des plus vieux quartiers de l'île, l'habitation dite Céron est signalée en 1658 comme une importante sucrerie avec ses moulins à eaux. Son propriétaire, Le Roux Chapelle de Sainte Croix, alors capitaine de la milice du quartier du Prêcheur, prend une part active à la révolte du Gaoulé en 1717. Mise à l'écart de l'évolution industrielle de l'île par les éruptions de la montagne Pelée au début du siècle, le domaine a conservé l'ensemble de ses bâtiments de manufacture de sucre, manioc et taffia.
Guyane : 300.000 euros pour la maison du directeur du bagne des îles du Salut à Cayenne
- Au large de Kourou, les îles du Salut, composées de l’île Royale, l’île Saint-Joseph et l’île du Diable, sont restées célèbres par la présence du bagne qui a accueilli les prisonniers condamnés à l’exil et aux travaux forcés entre 1852 et 1953.C’est sur l’île Royale et plus précisément dans le « quartier des directeurs » qu’était centralisé le commandement des îles. Le sort de nombreux prisonniers s’est joué dans cette maison. Ce site témoigne d’une page sombre de l’histoire de France, où des milliers de prisonniers étaient envoyés dans l’attente d’une mort quasi-certaine due aux conditions de vies difficiles.
La Réunion : 70.000 euros pour l'ancien bâtiment Crédit foncier de Madagascar à Le Port
- Le Crédit Foncier de Madagascar (1919-1954), filiale de la Compagnie des Messageries maritimes, ouvre son agence au Port en 1926 et ferme ses portes peu avant la seconde Guerre mondiale. Le petit immeuble accueillera ensuite un hôtel, puis des bureaux de la Marine nationale avant d'être désaffecté. Le bâtiment est construit en maçonnerie de moellons de basaltes enduits. L'étage sur rue présente un balcon en bois filant formant galerie. La charpente en bois à quatre pans est couverte de tuiles mécaniques plates. La parcelle est fermée d'un mur de moellons badigeonné. Au-dessus des deux portes et de la fenêtre du rez-de-chaussée, la raison sociale de l'établissement bancaire peinte sur l'enduit ocre-jaune est encore lisible. L’édifice est le témoin de l'activité économique florissante du Port au début du XXe siècle. Lié au reste du patrimoine de la ville et à l’histoire maritime de l’île, il conserve la mémoire des Messageries maritimes et de l’émigration de réunionnais à Madagascar.