L’hindouisme est l’une des plus vielles religions monothéistes ! Et non pas polythéistes comme bon nombre de personnes le pense parce que les hindous vénèrent un seul et unique Absolu sous des formes diverses et variées, autant d’expressions issues d’un même principe cosmique. On peut lui assigner au minimum trois millénaires et demi d’existence, plus même !
Elle est atemporelle et n’a pas de fondateur qui soit humain. Cette religion repose sur un corpus de textes spirituels ou entendus (Shruti) parce qu’ils ont été transmis à l’origine aux rishis (sages) et ainsi de suite jusqu’à nous, de bouche à oreille. Ces écrits sont les Védas (en sanskrit, au singulier, « vid » qui signifie « savoir ») dont les brahmanes sont les fervents gardiens, déjà à l’époque des Aryas (peuple dit indo-européen).
Explication :
Partons de la pûjâ qui désigne une cérémonie hindoue donnée par les prêtres mais également par les familles et les croyants pour les Dieux. La Pûjâ est régie par des règles ancestrales formulées dans les Shâstras et les Agamas (textes sacrés).
Au pays de Ganesh, la personnification d’un dieu sous son image terrestre (statue, peinture, ou bien des symboles abstraits) est poussée jusqu’à ses plus extrêmes formes pour lui donner vie parmi les mortels. Dans la pûjâ, particulièrement, tout Dieu est traité comme un hôte de choix en lui offrant des bains, des parures, des bijoux, des repas, etc...
Des cérémonies très codifiées et complexes à la fois accompagnent l’ornementation des statues aux temples : par exemple des prêtres, des brahmanes les purifient avec de l’encens, du camphre, de la poudre jaune (curcuma) et rouge (kumkum). Ensuite, ils les oignent d’huile de parfum et de pâte de santal pour les couvrir de guirlandes tout en chantonnant des mantras (formules rituelles/liturgiques en sanskrit) pour que la divinité emplisse sa représentation terrestre d’un souffle vital, c’est ce que l’on appelle le prana-pratistha qui ressource, apaise, emplit d’énergie, à nouveau, le croyant.
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Il y a des heures spécifiques pour habiller les divinités :
Le matin : les brahmanes baignent les divinités, les habillent, fixent des poudres de santal ou des poudres rouges aux visages, ornent les statues de bijoux…
Ces pratiques rituelles aux temples (onction, vêtements, maquillage, sons, chants, nourriture, fleurs…) ont pour fonction de permettre aux dieux de donner leur audience royale aux fidèles en leur offrant leur darshan, c’est à dire leur propre manifestation qui permette aux adeptes de transcender leur vie ordinaire et d’entrer en contact avec le pouvoir (shakti) des dieux.
Au déjeuner : les brahmanes leur donnent à manger. La nourriture est déposée à leurs pieds, puis les divinités dorment.
L’après-midi : l’audience se poursuit jusqu’à la fin de la journée. Puis les brahmanes apportent le dîner aux divinités avant de fermer le temple.
La portée de cet espace partagé (lieu de culte) provoque parmi les fidèles un sentiment d’appartenance au groupe d’humains, au monde des dieux aussi pour obtenir protection et élévation divine, cosmique surtout par le prana-pratistha.
En résumé :
La diversité foisonnante des cultes rendus à d’innombrables figures sacrées sont souvent associées à un territoire et à un groupe social déterminé en Inde ou ailleurs comme en Outre-mer. Mais il convient surtout de s’accorder les faveurs des figures majeures, reconnues et vénérées par des offrandes et des prières : Shiva, Ganesh, Vishnu avec ses avatars tels Krishna et Rama,… et de la Déesse (appelée Durgâ, Parvatî,… elle apparaît sous une multiplicité de noms).
Du maquillage à l’habillage des statues : Shiva est vêtu de blanc, la déesse Durga, Kali, de rouge et les avatars de Vishnou de jaune. Vous serez surpris de voir que les hindous drapent d’un tissu le linga (symbole phallique) de Shiva dans les temples qui est enserré dans un sexe féminin exprimant que tout est Un, en définitif.
La Pûjâ est célébrée deux fois par jour en l’honneur des dieux, à l’aube et au crépuscule selon les spécificités du culte. Le pûjari (le célébrant) doit veiller au bon déroulement des services religieux. Lui-même se purifie dans une eau lustrale avant d’accueillir les croyants, il sonne la cloche et tape des mains pour éveiller parfois les dieux endormis. La mise en œuvre d’un rite, comme par exemple habiller les dieux, provient d’une tradition lourde en codification, ajoutée à cela une créativité qui évolue au fil du temps, l’hindouisme est comme ça ! D’autre part, les hindous consacrent beaucoup de leur temps et de leur argent à la piété.
Laurent Adicéam-Dixit